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Encyclopédie

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Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers


Article : Sculpteurs anciens - 4/5




Début des Sculpteurs anciens


Pasitèle est un artiste dont Varron donne une grande idée, ainsi que Pline. Pasitèle, dit ce dernier, "cum essit in omnibus summus", a écrit cinq volumes sur les plus excellents ouvrages de Sculpture qui aient paru dans le monde. Il était de cette partie de l'Italie qu'on nomme la grande Grèce, et acquit conjointement avec elle le droit de citoyen romain. Il fit un Jupiter d'ivoire, et cette statue est placée dans la maison de Métellus, située sur le chemin du champ de Mars. Cet artiste, très exact imitateur de la nature, "di igentissimus artifex", travaillait un jour dans cet endroit de Rome où l'on gardait les animaux d'Afrique : pendant qu'il étudiait un lion à travers les barreaux, une panthère s'échappa d'une cage voisine, non sans lui faire courir un très grand danger. On dit qu'il a fait beaucoup d'ouvrages, mais on ne les connaît pas précisément. Pline, liv. XXXIV.


Pautias, de Chio, était fils de Sostrate; l'art et l'habileté d'Aristocle de Sicyone avait passé à lui, comme de main en main, car il était le septième maître sorti de cette école. Il se signala par de belles statues d'athlètes proclamés vainqueurs dans les jeux de la Grèce.


Peryllus est bien connu de tout le monde par l'histoire du taureau de bronze qu'il avait exécuté, et dont il éprouva lui-même toute l'horreur : "in hoc à simulachris deûm hominumque, devoraverat humanissimam artem", dit Pline, liv. XXXIV. ch. viij. Cette peinture des arts, comme M. de Caylus le remarque, est très belle et très convenable. Ils ne sont faits que pour le culte des dieux, pour conserver le souvenir des héros, pour corriger les passions, et pour inspirer la vertu. Peryllus fut plus cruel que Phalaris; c'est pourquoi Pline poursuit, en disant : "Itaque de unâ causâ servantur opera ejus, ut quisquis illa videat, oderit manus" (Perylli).


Phidias, le sculpteur des dieux, était natif d'Athènes; il fleurissait vers l'an du monde 3556, dans la 83e olympiade, temps heureux où après les victoires remportées contre les Perses, l'abondance fille de la paix, et mère des beaux arts, faisait éclore les talents par la protection de Périclès, l'un des plus grands hommes qui ait paru dans l'ancienne Grèce, et peut-être dans le monde.

Phidias avait fait une étude singulière de tout ce qui avait rapport à son talent, et en particulier l'étude de l'optique. On sait combien cette connaissance lui fut utile dans la statue de Minerve, qu'il fut chargé de faire, concurremment avec Alcamène : la statue par Alcamène vue de près, avait un beau fini qui gagna tous les suffrages, tandis que celle de Phidias ne paraissait en quelque sorte qu'ébauchée; mais le travail recherché d'Alcamène disparut, lorsque sa statue fut élevée au lieu de sa destination; celle de Phidias, au contraire frappa les spectateurs par un air de grandeur et de majesté, qu'on ne pouvait se lasser d'admirer.

Ce fut lui qui après la bataille de Marathon, travailla sur un bloc de marbre, que les Perses dans l'espérance de la victoire avaient apporté, pour en ériger un trophée; il en fit une Némésis, déesse qui avait pour fonction d'humilier les hommes superbes. La haine d'un grec contre les Perses, jointe au plaisir de venger sa patrie, anima son génie d'un nouveau feu, et prêta à son ciseau et à ses mains une nouvelle adresse.

Périclès chargea encore Phidias de faire une Minerve différente de celle dont j'ai parlé, et qu'on plaça dans le temple de cette déesse, appelé le Parthénon. Cette statue de Phidias avait la hauteur de vingt-six coudées (39 pieds,) et elle était d'or et d'ivoire. Il y entra 44 talents d'or, c'est-à-dire, 132 mille livres sterlings, sur le pied de 3000 livres sterlings pour chaque talent d'or; et comme un nommé Ménon accusa Phidias d'avoir détourné une partie de cette somme, l'or fut détaché de la statue, exactement pesé, et à la honte de l'accusateur, on y retrouva les 44 talents; mais quelque riche que fût cette statue, l'art y surpassait infiniment la matière; Cicéron, Pline, Plutarque, et autres grands écrivains de l'antiquité, tous connaisseurs, tous témoins oculaires, en ont parlé comme d'un des plus beaux ouvrages de main d'homme.

L'on aurait peut-être douté qu'il fût possible de rien faire de plus parfait en ce genre, si ce Phidias lui-même n'en eût donné la preuve dans son Jupiter olympien, qu'on peut appeler le chef-d'oeuvre du plus célèbre maître, le plus grand effort de l'art, un prodige, et si bien un prodige, que pour l'estimer sa juste valeur, on crut le devoir mettre au nombre des sept merveilles du monde. Phidias fut inspiré dans la construction de son Jupiter par un esprit de vengeance contre les Athéniens, desquels il avait lieu de se plaindre, et par le désir d'ôter à son ingrate patrie, la gloire d'avoir son plus bel ouvrage, dont les Eléens furent possesseurs avec reconnaissance. Pour honorer la mémoire de l'artiste, ils créèrent en faveur de ses descendants une nouvelle charge, dont toute la fonction consistait à avoir soin de cette statue.

Cette statue d'or et d'ivoire haute de 60 pies, et d'une grosseur proportionnée, fit le désespoir de tous les grands statuaires qui vinrent après. Aucun d'eux n'eut la présomption de penser seulement à l'imiter. Selon Quintilien, la majesté de l'ouvrage égalait celle de Jupiter, et ajoutait encore à la religion des peuples. On demandait si le dieu était descendu du ciel en terre pour se faire voir à Phidias, ou si Phidias avait été transporté au ciel, pour contempler le dieu. Pausanias qui avait vu cette statue, nous en a laissé une longue et belle description, que M. l'Abbé Gédoyn a insérée dans sa dissertation sur ce sculpteur immortel. Au bas de la statue, on lisait cette inscription : Phidias Athénien, fils de Charmide, m'a fait. Il termina ses travaux par ce chef d'oeuvre qui mit le comble à sa gloire, et lui assura une réputation que plus de deux mille ans n'ont pu lui ravir.

Ce maître sublime fut le premier parmi les Grecs qui étudia la belle nature, pour l'imiter, et son imagination vaste et hardie, représentait encore mieux les dieux que les hommes. Il paraissait alors être guidé dans son travail par la divinité elle-même. Si Phidias forme l'image de Jupiter, dit Sénèque, il semble que ce Dieu va lancer la foudre : s'il représente Minerve, on dirait qu'elle va parler pour instruire ceux qui la considèrent, et que cette sage déesse ne garde le silence que par modestie. Aimable soeur de la peinture, art merveilleux, c'est donc ainsi que vous faites illusion aux sens, pour enchanter l'âme, pour attendrir le cœur, et pour élever l'esprit !

Pausanias rapporte que les Eléens conservèrent pendant très longtemps l'atelier de Phidias, et que c'était une curiosité que les voyageurs ne manquaient pas d'aller voir.

Mais il ne faut pas omettre le jugement de Pline sur Phidias. Je ne parlerai point, dit cet historien, de la beauté de Jupiter olympien, ni de la grandeur de la Minerve d'Athènes, qui a vingt-six coudées de hauteur (39 pieds) et qui est d'or et d'ivoire; mais je parlerai, continue-t-il, du bouclier de cette même figure, sur le bord duquel il a représenté en bas-relief le combat des Amazones, et dans le dedans celui des dieux et des géants; il a employé toute la délicatesse de l'art pour représenter le combat des Centaures et des Lapithes sur la chaussure de la déesse, tant il a su profiter de tout; et il a décoré la base de la statue par un bas-relief qui représente la naissance de Pandore. On voit dans cette composition la naissance de vingt autres dieux, du nombre desquels, est une Victoire qui se distingue par sa beauté. Les connaisseurs admirent surtout le serpent et le sphinx de bronze sur lequel la déesse appuie sa haste. Voilà ce que je voulais dire en passant, ajoute Pline, d'un artiste que l'on ne peut jamais assez louer, et dont la grande manière, magnificentia, s'est toujours soutenue jusque dans les plus petites choses.

Les beautés de détail qu'on vient de lire n'ont été décrites que par Pline, et elles amusent l'imagination. Je conviendrai sans peine que leur travail était en pure perte pour les spectateurs, parce qu'en donnant même au bouclier de Minerve dix pieds de diamètre, on ne pouvait distinguer ses ornements d'assez près pour en juger sur une figure d'environ quarante pieds, de proportion, et qui d'ailleurs était placée sur un piédestal qui l'élevait encore. Aussi n'est-ce pas dans ces petits objets que consistait le principal mérite de la statue de Minerve; ils n'étaient représentés que sur le bouclier de la déesse, et Pline ne les donne que comme de légères preuves des talents et du génie de l'artiste, argumenta parva et ingenii tantum. Mais Phidias se vit obligé de se prêter au goût des Grecs qui aimaient passionnément ces sortes de petits morceaux, le trône d'Apollon par Bathyclès faisait leurs délices. Or qui peut douter du mérite éminent et de la perfection des ouvrages de Phidias en ce genre? Tout le monde avait vu de près le bouclier de Minerve, et l'avait admiré avant qu'il fût en lace.


Polyclète, naquit à Sycionne, ville du Péloponnèse, et fleurissait en la 87e olympiade. Ce célèbre artiste passe pour avoir porté dans le gracieux et le correct, la sculpture à sa dernière perfection. Ses ouvrages étaient sans prix; mais celui qui lui acquit le plus de réputation, fut la statue d'un doryphore, c'est-à-dire, d'un garde des rois de Perse. Dans cette statue merveilleuse, toutes les proportions du corps humain étaient si heureusement observées, qu'on venait la consulter de tous côtés comme un parfait modèle, ce qui la fit appeler par les connaisseurs, la règle; j'en parlerai plus bas.

On rapporte que ce sculpteur voulant prouver au peuple combien ses jugements sont faux pour l'ordinaire, il réforma une statue suivant les avis qu'on lui donnait; puis il en composa une semblable suivant son génie et son goût. Lorsque ces deux morceaux furent mis en parallèle; le premier parut effroyable en comparaison de l'autre : "ce que vous condamnez, dit alors Polyclète au peuple, est votre ouvrage; ce que vous admirez est le mien." Un habile artiste, on l'a dit avant moi, doit écouter la critique comme un avertissement qui peut lui être utile, mais non pas comme une loi qui doive le gêner.

Le goût de Polyclète le portait surtout à la régularité, et à l'agrément; l'on trouvait en conséquence que ses statues auraient eu besoin d'un peu plus de force; en effet il représentait les hommes avec des grâces infinies, et beaucoup mieux qu'ils ne sont, mais il n'atteignit pas comme Phidias à la majesté des dieux. On dit même que l'âge robuste étonnait ses mains délicates; et c'est par cette raison qu'il n'a guère exprimé que la tendre jeunesse. Sa statue d'un jeune homme couronné, était si belle pour l'expression délicate des chairs, qu'elle fut vendue cent talents, quatre cent soixante et dix mille livres. "Diadumenum fecit molliter, centum talentis nobilitatum", dit Pline. Son enfant tenant une lance à la main, ne fut pas moins célèbre; et ses trois statues de trois enfants nus jouant ensemble, que Titus avait dans son palais, furent regardées comme trois chefs-d'œuvre de l'art. Il serait trop long de citer tous les ouvrages de sa main, que le monde admirait; mais j'ai promis de parler de la fameuse statue qu'on nomme la règle.

Cet artiste, selon Pline, l. XXXIV, c. viij, voulant laisser à la postérité les règles de son art, se contenta de faire une statue qui les comprenait toutes, et que par cette raison il appela la règle, "fecit et quem canones artifices vocant, lineamenta artis ex eo petentes, velut à lege quâdam". "Ce fait, dit M. de Caylus, est un de ceux qui demande d'autant plus à être expliqué qu'il paraît n'en avoir aucun besoin. Tout homme de lettres qui lira ce passage, ne doutera pas que l'ouvrage de Polyclète n'ait été une règle fondamentale pour les sculpteurs, et conséquemment il croira que si l'on avait cette statue, on pourrait faire d'aussi belles choses que les Grecs. Cela n'est cependant vrai que dans un sens, c'est-à-dire, pour un seul âge; encore dans ce même âge, on peut s'écarter du point donné pour de certaines parties, et bien faire : car l'artiste qui prendra les proportions de l'antique, précaution que tous nos modernes prennent avec grand soin, a le même privilège que le grand architecte qui suit les proportions d'un ordre, mais qui s'en écarte pour les raisons d'aspect, de convenance, etc."

Pline parlant encore de Polyclète, dit qu'il est le premier qui ait imaginé de poser des figures sur une seule jambe, "ut uno crure insisterent signa excogitasse"; mais ce passage ne peut être entendu que pour les bronzes, ou pour les grandes figures de cette matière, que l'armature met en état de poser avec solidité sur un seul point.

En effet, dit M. de Caylus, cette position est si fort impossible dans les ouvrages de marbre, que les statuaires n'ont jamais assez de deux jambes pour soutenir une figure; ils sont obligés de recourir à un tronc d'arbre, à des draperies, en un mot à quelque corps qui leur donne un moyen de solidité. Plus ce moyen conserve de vraisemblance, et plus il mérite d'éloges. Il ne faut pas se rejeter sur le talent et le mérite des artistes grecs pour accuser les modernes; ils étaient soumis comme nous aux raisons physiques; d'ailleurs leurs propres ouvrages certifient cette vérité. Il n'y a jamais eu de figure plus faite que l'Atalante, pour être traitée dans cette position; cependant celle de marbre que le temps a épargnée ne pose, il est vrai, que sur un pied, mais elle a un tronc d'arbre pour appui. Il faut donc regarder les ouvrages de Polyclète, cités à cette occasion, comme étant de bronze, et pour lors ils n'ont rien de merveilleux. Nous voyons même que les anciens ont souvent traité dans cette position des femmes sortant du bain, des Vénus, etc. mais toujours en bronze. Mém. des insc. t. xxv.

Pausanias parle d'un autre Polyclète qui fit la statue d'Agenor de Thèbes, lequel surpassa tous les jeunes gens de son âge à la lutte. Ce dernier Polyclète postérieur au sycionien, fut élève de Naucydes. Junius l'a oublié dans son catalogue.


Posis était connu à Rome de M. Varron, qui dit que ce sculpteur ingénieux exécutait en terre des fruits, des raisins et des poissons, dont l'imitation était parfaite.


Praxias d'Athènes, disciple de Calamis, fit Latone, Diane, Apollon, les muses, le soleil qui se couche, Bacchus et des thyades, qu'on mit sur le fronton du temple de Delphes.


Praxitèle fleurissait l'an du monde 3640, vers la 104e olympiade. Il semblait animer le marbre par son art. Tous ses ouvrages étaient d'une si grande beauté, qu'on ne savait auxquels donner la préférence; il fallait être lui-même pour juger les différents degrés de perfection. La fameuse Phryné, aussi industrieuse que belle, ayant obtenu de Praxitèle la permission de choisir son plus bel ouvrage, se servit d'un stratagème pour le connaître : elle fit annoncer à ce célèbre artiste que le feu était à son atelier; alors tout hors de lui-même, il s'écria : je suis perdu si les flammes n'ont point épargné mon satyre, et plus encore mon cupidon. Phryné sachant le secret de Praxitèle, le rassura de cette fausse alarme, et l'engagea dans la suite à lui donner le cupidon. Pouvait-il lui rien refuser ? Elle plaça ce cupidon à Thespis sa patrie, où long temps après on allait encore le voir par curiosité. Quand Mummius enleva de Thespis plusieurs statues pour les envoyer à Rome, il respecta celle-ci parce qu'elle était consacrée à un dieu. Le cupidon de Verrès, dont parle Cicéron, était aussi de Praxitèle, mais il était différent de celui-ci.


Isabelle d'Est, grand-mère des ducs de Mantoue, possédait entre autres raretés la première et si fameuse statue de l'amour par Praxitèle. Cette princesse avait aussi dans son cabinet un admirable cupidon endormi fait d'un riche marbre de Spezzia. On fit voir à M. de Foix que la cour de France avait envoyé en Italie, et au président de Thou qui l'accompagnait, comme nous le lisons dans ses mémoires, cette statue de l'amour endormi, chef-d'oeuvre de Michel-Ange, qu'on ne pouvait considérer qu'avec des transports d'admiration, et qui leur parut encore fort au-dessus de sa renommée; mais lorsqu'on leur eut montré l'amour de Praxitèle, ils eurent honte en quelque sorte d'avoir tant vanté le premier cupidon, et ils manquèrent d'expressions pour louer le second. Ce monument antique, tel que nous le représentent tant d'ingénieuses épigrammes de l'Anthologie que la Grèce à l'envi fit autrefois à sa louange, était encore souillé de la terre d'où il avait été tiré.

On dit que Michel-Ange, par une sincérité digne d'un grand homme qu'il était, avait prié la comtesse Isabelle, après qu'il lui eut fait présent de son cupidon, de ne montrer aux curieux l'antique que le dernier, afin que les connaisseurs pussent juger en les voyant, de combien en ces sortes d'ouvrages les anciens l'emportent sur les modernes.

On conçoit bien que Praxitèle enchanté comme il était de Phryné, ne manqua pas d'employer le travail de ses mains pour celle qui s'était rendue maîtresse de son coeur. C'est aussi ce qui arriva, selon le rapport d'Athénée, liv. III une des statues de cette fameuse courtisane de la main de Praxitèle, fut placée depuis à Delphes même, entre celle d'Archidamus roi de Sparte, et de Philippe roi de Macédoine. Si les richesses et le désir de s'immortaliser par des faits éclatants sont des titres pour trouver place entre les rois, Phryné le méritait; car elle s'engageait à rebâtir Thèbes à ses dépens, pourvu que l'on y mît seulement cette inscription : Alexandre a détruit Thèbes, et Phryné l'a rétablie.

Les habitants de l'île de Cos avaient demandé une statue de Vénus à Praxitèle : il en fit deux, dont il leur donna le choix pour le même prix. L'une était nue, l'autre voilée; mais la première surpassait infiniment l'autre en beauté. Cependant ceux de Cos préférèrent la dernière, afin de ne point porter dans leurs temples une image si capable d'allumer des passions : "Severum id ac pudicum arbitrantes."

Les Gnidiens furent moins attentifs aux scrupules des bonnes moeurs. Ils achetèrent avec joie la Vénus nue, qui fit depuis la gloire de leur ville, où l'on allait exprès de fort loin pour voir cette statue, qu'on estimait l'ouvrage le plus achevé de Praxitèle. Nicomède roi de Bithynie, en faisait un tel cas, qu'il offrit aux habitants de Gnide d'acquitter toutes leurs dettes qui étaient fort grandes, s'ils voulaient la lui céder; mais ils crurent que ce serait se déshonorer, et même s'appauvrir, que de vendre à quelque prix que ce fût, une statue qu'ils regardaient comme un trésor unique. Pausanias a décrit plusieurs autres statues de ce grand maître. Quintilien et Cicéron, en peignant le caractère distinctif des divers statuaires de la Grèce, disent que celui de Praxitèle qui le rendait singulièrement recommandable, était le beau choix qu'il savait faire de la nature. Les grâces, ajoutent-ils, conduisaient son ciseau, et son génie donnait la vie à la matière.

Les Thespiens achetèrent 800 mines d'or une statue de Praxitèle, qui fut apportée à Rome par Jules-César; mais le plus considérable de ses ouvrages était la statue de Vénus, qui ouvrait à demi les lèvres, comme une personne qui sourit. La dureté du marbre ne faisait rien perdre aux traits délicats d'un si beau corps. Il y avait une marque à la cuisse de la déesse, dont Lucien a donné l'origine dans son dialogue des amours. Un jeune homme de grande naissance devint amoureux de la Vénus de Praxitèle : il lui adressait toutes ses offrandes; enfin transporté du feu de sa passion, il se cacha la nuit dans le temple; et le lendemain, dit Lucien, on découvrit cette marque, et l'on n'entendit plus parler du jeune homme.

Il sortit encore un autre amour du ciseau de Praxitèle pour la ville de Parium, colonie de la Propontide. Cette figure, dit Pline, est égale en beauté à sa Vénus, et produisit les mêmes effets sur les soeurs d'Alchidas de Rhodes. Varron rapporte qu'on voyait à Rome, auprès du temple de la félicité, les neuf muses, une desquelles rendit amoureux un chevalier romain, nommé Junius Pisciculus.

Les récits de cette nature se trouvent aussi quelquefois rapportés dans l'histoire de nos artistes modernes, mais ce n'est vraisemblablement que par vanité. On a donc écrit qu'un espagnol s'est laissé enfermer la nuit dans l'église de S. Pierre de Rome pour jouir d'une figure qui est au tombeau du pape Paul III. elle est de la main de Guillaume della Porta, élève de Michel-Ange, mais sculpteur assez sec, et sa statue n'est pas trop belle; cependant comme elle était trop nue, on la couvrit d'une draperie de bronze.


Rhoecus de Samos, eut pour fils Théodore et Téléclès; voilà les premiers des grecs qui aient eu l'art de fondre une statue. Avant eux on faisait, dit Pausanias, une statue comme un habit, successivement et par pièces, non d'un seul jet. Il résulte de là qu'avant la guerre de Troie, les hommes ne connaissaient pas encore le secret de fondre le métal, et de le jeter en moule. Rhoecus, Téléclès, et Théodore florissaient du temps de Polycrate. Or Polycrate, contemporain de Cambyse, vivait en la 64e olympiade 500 ans avant l'ère chrétienne.


Salpion, athénien; c'est à lui qu'on attribue ce beau vase antique qu'on voit à Gaïette, ville maritime du royaume de Naples, où il sert pour les fonts de baptême dans la grande église. Ce superbe morceau de sculpture avait été construit, à ce qu'on pense, pour contenir l'eau lustrale dans quelque ancien temple des païens.


Saurus et Batrachus, architectes et sculpteurs célèbres de Lacédémone, entreprirent de bâtir et d'orner à leurs dépens les temples de Rome qui étaient entre les portiques d'Octavie, et se flattèrent d'y pouvoir mettre leur nom; cependant quelque dépense qu'ils eussent faite, et quelle que fût leur habileté, on leur refusa impitoyablement ce qu'ils demandaient, et toute leur adresse se borna à semer en manière d'ornement, des lézards et des grenouilles sur les bases et les chapiteaux de toutes les colonnes. Le nom de Saurus était désigné par le lézard, que les Grecs nomment SAUROS, et celui de Batrachus par la grenouille, qu'ils appellent BATRAXOS.



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